Temps de lecture : 3 mn(s) | Reagan Evans | 20 juillet 2016 |
« Brexit veut dire Brexit »
Ainsi parlait Theresa May, récemment devenue le 56e Premier Ministre de la Grande-Bretagne. Il est clair que Theresa May et ses alliés politiques vont faire jouer l'article 50 qui déclenchera de manière officielle le processus de divorce de deux ans du Royaume-Uni avec l'Union européenne. Ce qui est moins clair aujourd'hui, c'est la relation R-U / UE et leurs futurs rapports en 2018.
Mais une chose est plus qu'incertaine : si le RU et l'UE ne parviennent pas à un accord de libre-échange, le pouvoir dominant du secteur du e-commerce britannique sur le continent européen déclinera. Actuellement, les marchés européens représentent plus de 50 % des exportations du e-commerce britannique. Plus important encore, ce pourcentage inclut un cinquième de l'économie du commerce de détail en ligne du Royaume-Uni, soit plus de 6 % du PIB du Royaume-Uni.
Avec un tel scénario, les consommateurs du continent européen dépenseront moins sur les sites de e-commerce du Royaume-Uni en raison des frais de douanes. Les ventes transfrontalières augmenteront les coûts et les contraintes. Cela affectera probablement le statut de troisième plus grande économie en ligne au monde du Royaume-Uni et la projection de sa part dans le e-commerce mondial annoncée à un niveau proche de 20 % d'ici 2019.
Cela devrait probablement avoir aussi un impact sur plus de 3 millions d'emplois au R.U. dans les secteurs concernés par les exportations vers l'UE.
Comme nous l'avions déjà signalé, c'est une mauvaise nouvelle pour les e-commerçants britanniques. Mais il s'agit d'une énorme opportunité pour ceux de l'UE.
Si les clients européens boudent les produits plus chers du R.U. après le Brexit, une bonne part des 174 milliards d'euros (191,5 milliards de dollars) du marché du e-commerce B2C du Royaume-Uni pourrait profiter à d'autres. Les commerçants du continent ont tout intérêt à tenter d'attirer les consommateurs régionaux vers leurs sites de e-commerce après les avoir traduits dans la langue de ces clients.
Comme l'a récemment écrit le PDG d'une entreprise basée à Berlin : « Pour les e-commerçants, cette opportunité repose uniquement sur quelques traductions et quelques clics, » l'enjeu étant d'accéder au pactole que représentent les consommateurs en ligne de l'UE.
Et l'enjeu est énorme. Les clients européens en ligne ont dépensé en moyenne 1 540 $ sur Internet l'année dernière. Actuellement, plus de 65 millions d'Européens effectuent des achats en ligne depuis d'autres pays de l'UE. Mais le marché potentiel qu'incarne l'UE, explique le rapport d'une association de e-commerce suisse est beaucoup plus vaste : environ 685 millions de personnes.
En effet, comme le constatait le mois dernier un contributeur du magazine Fortune : « L'Union européenne sera probablement le grand vainqueur » dans les jours qui suivront le Brexit.
« En fin de compte, l'Allemagne et la France pourront poursuivre leur ambition à long terme, visant à créer une puissance unifiée dans ce monde, une puissance économique capable de se hisser à la hauteur des États-Unis, de la Chine ou de la Russie, » poursuit ce contributeur. « La mise en commun de la politique étrangère, d'une banque centrale, du réseau militaire et de la politique fiscale reviennent finalement sur le devant de la scène avec la sortie du Royaume-Uni. »
Alors, quel est le meilleur moyen de préparer le paysage du e-commerce post-Brexit pour les commerçants de l'UE ? Si ce n'est pas encore le cas, le lancement de sites d'e-commerce dans différentes langues est un élément essentiel. Il n'existe pas de moyen plus immédiat et plus authentique de gagner la confiance des clients et de simplifier l'expérience transactionnelle.
Mettre en place des modes de paiement utilisés localement sur ces sites est également un élément important. Les habitudes d'achat des Européens, comme les plateformes de paiement utilisées, sont différentes d'un marché à l'autre.
L'un de nos clients a lancé un site de e-commerce aux Pays-Bas. Le site traduit fonctionnait correctement, mais lorsque nous avons intégré une prise en charge de la plateforme populaire au niveau local, iDeal, les ventes ont augmenté de manière spectaculaire. Nous avons rapidement vu la part de revenus d'iDeal dépasser de 275 % les paiements par carte de crédit.
Conclusion : les clients néerlandais visitaient le site, mais n'étaient pas prêts à franchir le pas en achetant des produits tant que le site ne proposait pas leur mode de paiement préféré.
Et lorsque cela est possible, nous recommandons aux entreprises d'aller au-delà de la traduction classique des contenus et de s'appuyer sur la localisation, à savoir des contenus et un discours correspondant aux spécificités d'un marché particulier.
Cette approche crée un effet d'authenticité qui permet généralement d'obtenir des résultats. Elle peut être utilisée pour le CRO (optimisation du taux de conversion), pour offrir des promotions au niveau local, renforcer la confiance dans la marque, etc. Nous avons constaté que les entreprises qui se servent de la localisation de cette manière peuvent espérer une hausse de 50 % de leurs taux de conversion.
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